Jeunesse
A environ 50 km au sud de Madurai, dans le sud de l’Inde, se trouve une petite ville nommée Tiruchuli, connue surtout des pèlerins pour son temple de Shiva. C’est là que vivaient Sundaram Iyer, un avocat, et sa femme, Alagammal. Le 30 décembre 1879 à 1 heure du matin, leur naquit un deuxième fils qui fut nommé Venkataraman, et qui sera plus tard connu sous le nom de Ramana Maharshi. C’était un jour favorable, le jour où les adorateurs de Shiva célébraient l’Ardra-darshana, la fête qui commémore l’apparition de Shiva en tant que Nataraja, le danseur cosmique. Ce jour-là, son image est sortie du temple et portée en procession dans les rues de la petite ville. Au moment précis où la statue retournait dans le temple, Venkataraman naquit.
Parmi les personnes présentes cette nuit-là, il y avait une sage-femme aveugle. Au moment de la naissance, elle fut bénie par la vision d’une lumière et s’exclama : « L’enfant qui est né dans votre maison est sûrement un être divin ! »

L’enfance de Venkataraman ne laissait en rien entrevoir un avenir exceptionnel, ni sur le plan mondain ni sur le plan religieux. C’était un garçon intelligent, mais qui montrait peu d’intérêt pour les études. De constitution robuste et saine, il était plutôt épris de sport et des jeux de plein air. Rien ne le distinguait de ses camarades hormis deux particularités : une mémoire exceptionnelle et un sommeil si profond que rien ne pouvait le réveiller. Ses camarades profitaient souvent de cette situation ; ils s’amusaient à le sortir de son lit, à le frapper à cœur joie, à le transporter d’un endroit à un autre et à le remettre dans son lit sans que le jeune Venkataraman se réveille. Il ne s’apercevait de rien jusqu’à ce que ses camarades, à son réveil, lui fassent part de ce qui s’était passé.
En 1892, à l’âge de 12 ans, Venkataraman perdit son père. La mère et ses quatre enfants furent obligés de se séparer. Venkataraman et son frère aîné furent accueillis par un oncle à Madurai. Celui-ci l’envoya d’abord à l’école secondaire écossaise, puis à l’école supérieure de la mission américaine.
En 1895, lorsque Venkataraman eut 15 ans, l’appel d’Arunachala se fit entendre pour la première fois. Bien que né dans une famille de brahmanes traditionnelle et pieuse, le jeune écolier n’avait pas reçu d’instruction religieuse. Pour lui, Arunachala n’était que la vague représentation d’un endroit mythologique ou d’une région céleste. Jusqu’au jour où un ami de la famille vint en visite. Venkataraman lui demanda d’où il venait et l’ami répondit : « D’Arunachala. » L’effet fut magique. Le nom « Arunachala » se mit à vibrer en lui et il devint pour la première fois conscient qu’Arunachala était un endroit réel, un endroit où l’on pouvait se rendre. Et son cœur fut empli de joie.
Peu après, un autre incident attira le garçon vers les valeurs spirituelles profondes. Ce fut en lisant pour la première fois un livre religieux, le Periapuranam, un recueil de récits sur la vie des soixante-trois saints shivaïtes. A nouveau une grande joie submergea le jeune Venkataraman. Inspiré par l’exemple de ferveur dévotionnelle de ces saints, il sentit s’éveiller dans son âme le désir de suivre l’esprit de renonciation et de dévotion qui constitue l’essence d’une vie sainte.
Mais cette expérience ne sembla pas laisser une impression durable et il continua à mener la vie de tout étudiant à cette époque.